La complexité de l’être humain demande une approche globale ; aussi lors d’un massage ce n’est pas seulement le corps physiologique qui est considéré. L’individu qui vient pour recevoir un massage amène avec lui tout son cortège de mal-être, de douleurs physiques et émotionnelles, et son histoire de vie. Il amène aussi son potentiel d’épanouissement, de créativité et de force de vie.
Selon, la vision psycho-corporelle de la Psychologie Biodynamique (créée par Gerda Boyesen) les conflits émotionnels, psychologiques, créent le compromis somatique et celui-ci s’ancre dans le corps ; comment, par le massage, les dénouer et aider les êtres à retrouver leur vitalité pleine et entière ?
Comment se crée le compromis somatique ?
Si le système végétatif* n’a pas pu digérer et intégrer les diverses situations, émotions, changements que l’individu rencontre inévitablement dans sa vie, alors le compromis somatique se met en place, car il en va de la “survie” de l’individu.
De cette manière si l’adaptation psychologique et émotionnelle aux diverses expériences et situations de la vie qui permettent le changement et l’évolution, n’a pu se faire harmonieusement de par la capacité de conscience de l’individu à s’adapter, l’organisme, de par sa capacité de survie et son système végétatif, est capable de refouler des émotions et des conflits grâce à des tensions musculaires et à une contraction chronique du diaphragme. C’est un processus de répression du haut vers le bas, de la surface vers la profondeur du corps, vers le pelvis et les jambes. Le corps encapsule les émotions en rendant les muscles tellement rigides que la contraction subsiste de manière chronique. L’énergie devient statique, “encapsulée” par les muscles que l’on appelle “répresseurs”. Ainsi, aucune énergie psychique n’est nécessaire pour maintenir le refoulement corporel, c’est une manière de neutraliser les conflits. L’énergie émotionnelle est enfouie dans les profondeurs et de l’énergie neutre s’est installée, la personne est devenue moins sensible.
Au cours de ce processus, les muscles changent de consistance : ils perdent leur élasticité et deviennent analogues à du ciment. Leur contraction et la déformation posturale ne sont plus dues à un maintien de l’influx nerveux, de “l’énergie psychique”. C’est la tension dans les tissus et la présence de résidus – c’est-à-dire des “chimiostase” ou stases chimiques, substances qui auraient normalement dû être éliminées de l’organisme – qui opèrent la solidification, la rigidification. La consistance des muscles change : ils deviennent hypertoniques (augmentation anormale du tonus des muscles, ceux-ci devenant durs et perdant leur souplesse naturelle) ou hypotoniques (diminution du tonus des muscles ; ces derniers deviennent mous, voire flasques, et répondent moins bien aux stimuli ou sollicitations), cela suivant la structure psychologique de la personne et de son histoire de vie. C’est ainsi que la “cuirasse musculaire” s’installe.
Il est à noter que de manière plus large, les résidus ou dépôts nerveux non éliminés par l’organisme créent des couches successives dans les tissus conjonctifs, générant alors ce que Gerda Boyesen appelait la “cuirasse tissulaire” (ceci fera l’objet d’un prochain article).
Comment par le massage, dénouer les conflits somatiques et aider les individus à retrouver leur vitalité pleine et entière ?
Comme nous venons de le voir, lorsque la réaction émotionnelle végétative n’est pas complète, elle reste latente dans l’organisme. Cela signifie que le conflit végétatif n’est pas dissous et que le noyau des conflits émotionnels et psychologiques reste intact, ils ont seulement été refoulés par l’organisme, afin de préserver et rendre possible la vie de l’individu. Au moment du refoulement, l’organisme a trouvé la meilleure solution d’adaptation possible, en créant une cascade de réactions dans le corps.
Ce mécanisme biologique, physiologique qui a été mis en place à un moment utile, devient un handicap au fil du temps, car il a encapsulé l’énergie vitale et généré des dysfonctionnements aussi bien au niveau physiologique qu’au niveau comportemental et émotionnel. Souvent, la motivation principale des personnes qui viennent consulter avec une demande en massage, le font car les symptômes exprimés par le corps deviennent réellement dérangeants.
Aussi s’il l’a créé, il peut également le défaire.
Le massage biodynamique donne une réponse adaptée quant à la possibilité de restaurer le psychopéristaltisme (situé dans la paroi intestinale – théorie élaborée par Gerda Boyesen) qui semble être le mécanisme de régulation des charges énergétiques dans le corps. Il a cette capacité de digérer les excès d’énergie émotionnelle et psychique. Cela rejoint les découvertes scientifiques actuelles liées à l’importance du bon fonctionnement des intestins et de son influence sur le cerveau.
L’action des massages biodynamiques permet de rétablir la bonne circulation de l’énergie et ainsi l’organisme peut éliminer de lui-même les différentes couches de résidus ou dépôts accumulés dans les tissus conjonctifs.
Afin de résoudre le conflit végétatif, le thérapeute suit le principe de plaisir, alors un processus de transformation peut se mettre en place. Le principe de plaisir comporte deux aspects fondamentaux : la recherche du plaisir et l’évitement dû au déplaisir. Les défenses psychologiques sont là pour éviter le déplaisir causé par les décharges végétatives. En d’autres termes, elles sont là pour empêcher que le cycle charge-décharge soit complet. Les réactions végétatives sont vécues comme des menaces, car l’individu n’a plus le contrôle. Or, rappelons-le, il n’y a pas rétablissement du système d’autorégulation si la décharge végétative n’est pas complète. Ainsi, le conflit émotionnel et psychologique est résolu de manière somatique, car il permet de finir le processus complet de réaction végétative qui avait alors été à l’époque interrompu. Il n’est pas nécessaire que ré-émerge au conscient une situation passée pour qu’elle soit résolue. Parfois cela se fait, mais ce n’est pas obligatoire, souvent le conflit se résout directement neurovégétativement, telles sont la force et la sagesse du corps ! En libérant les tensions accumulées dans le corps, nous libérons les mémoires du passé !
Une fois la fonction d’autorégulation rétablie dans le corps, les courants vitaux (sensation de pulsation, vibration dans le corps) émergent à nouveaux et la sensation du vivant se réveille. Nous nous sentons alors directement reliés à la vie, le mental s’apaise, nous sommes plus conscient de nous-mêmes et de ce qui nous entoure. Nous retrouvons un bien-être tant physique que psychique.
* Un bref aperçu concernant le système végétatif s’avère ici utile pour la compréhension du processus de formation du compromis somatique. Le système nerveux végétatif, appelé également système nerveux autonome, est un système qui permet de réguler différentes fonctions automatiques de l’organisme (digestion, respiration, circulation artérielle et veineuse, pression artérielle, sécrétion et excrétion, son territoire moteur inclut l’ensemble des muscles lisses). Il est responsable des fonctions non soumises au contrôle volontaire. Il est composé de voies afférentes (composées par les ganglions sensoriels crâniens) relayant les informations sensitives, qui envoient des informations dans les voies efférentes pour modifier les réactions organiques nécessaires adaptées à la situation vécue. La partie efférente du système nerveux autonome est divisée en deux composantes aux fonctions antagonistes, le système nerveux orthosympathique (ou sympathique) et le système nerveux parasympathique.
Le système sympathique est associé à la mobilisation de l’énergie, son action est permanente, surtout en période de stress et primordiale en situation d’urgence. Le système nerveux parasympathique préside au repos et à la digestion, il économise l’énergie et maintient les activités de base à leurs niveaux minimaux.